Rendez-vous était donné en ce samedi 29 août, au parking en bord de Seine près du pont Flaubert. Nous étions 17 voitures, 32 participants plus 4 enfants. Le succès de cette sortie de deux jours ne se dément pas.
DEUX JOURS au DOMAINE DE CHANTILLY
Nous avons alors pris la route de Paris (par le haut) en direction de Bonsecours puis Fleury sur Andelle, Ecouis, Etrépagny puis finalement Gisors notre première étape. Deux visites importantes nous attendent : La Brasserie artisanale De Sutter puis le château de Gisors.
En 2008, Antoine et Frédéric De Sutter, deux frères passionnés par la bière et sa fabrication, se lancent dans des tests de création de recettes suite à l’obtention de leurs diplômes en agronomie ainsi qu’en génie brassicole. En janvier 2012, c’est le grand saut vers une fabrication maîtrisée et de plus grosse capacité grâce au déménagement de la Brasserie De Sutter à Gisors dans des locaux plus grands.
Après dix ans de développement, la Brasserie De Sutter c’est aujourd’hui une équipe de 15 professionnels, 5 gammes de bières distinctes comprenant en tout 21 recettes. L’orge est transformée en malt (torréfié), puis concassé et trempé dans l’eau chaude puis placé dans la cuve de fermentation avec des levures pendant pendant 5 à 6 semaines. Cela se passe d’abord à chaud, par paliers de températures puis à la la vapeur et on stoppe. On récupère alors le mou qui est ensuite porté à ébullition pendant 4 à 6 heures. On refroidit ce mou et on le garde à froid pendant 2 à 4 semaines. Le houblon n’est ajouté qu’à la fin. Sans houblon on obtient de la cervoise.
Passage obligé par la boutique, les amateurs de bières du Club se sont précipités vers l’achat de ces excellents produits. Départ est alors donné pour rejoindre le centre de la vieille ville de Gisors pour déjeuner au ‘’Cappeville’’, où un EXCELLENT repas (sans arrière pensée par rapport à la suite du weekend) nous fut servi.
Après ce très bon déjeuner, nous repartons à pied vers le château de Gisors distant d’à peine 500 métres. Pandémie oblige, 2 groupes sont constitués pour la visite guidée du château. Une motte castrale est édifiée dès 1097 par Robert II de Bellême, sur l’ordre du roi d’Angleterre régent du duché de Normandie. Celle-ci est complétée un an plus tard par un donjon de bois, probablement ceint d’une palissade. En 1113, ce site fortifié, dominant la vallée de l’Epte, accueille une rencontre entre les souverains Louis VI de France et Henri Ier Beauclerc d’Angleterre. Il connaît son premier siège en 1120, lors de la rébellion des seigneurs normands contre la tutelle anglaise. En 1123 une première campagne de reconstruction verra l’adjonction d’un donjon en pierre de taille de forme octogonale, ceint d’un rempart en gros appareil (l’enceinte-basse).
Une rencontre entre le nouveau roi d’Angleterre et le roi des Francs Louis VII a lieu en 1158 au château de Gisors. Afin de sceller la réconciliation entre les deux royaumes, le souverain capétien accorde au jeune fils d’Henri II Plantagenêt la main de sa fille Marguerite de France, âgée de seulement six mois, lui remettant en dot la forteresse de Gisors. Dans l’attente de la célébration du mariage, la place forte sera confiée à l’ordre du Temple, à l’instar de deux autres châteaux. Trois chevaliers templiers sont alors chargés de veiller sur la forteresse. Cependant dès 1160, Henri II ordonne la célébration des noces ; ce faisant, Gisors redevient normand. À eux deux, les mariés ont à peine huit ans !
Le caractère stratégique de ce point de la vallée de l’Epte n’échappe pas au nouveau maître des lieux, et une nouvelle campagne de reconstruction est entreprise en 1170. Celle-ci durera dix ans. Au cours de cette longue période, le donjon sera consolidé et surhaussé de deux étages supplémentaires, tandis que dans le même temps, les fossés sont agrandis. Une nouvelle enceinte, longue de 800 mètres et flanquées de 8 tours, achève de protéger le site.
En 1188, à la veille de la troisième croisade, une entrevue royale entre les souverains, anglo-normand Henri II et français Philippe Auguste, se déroule au château, à l’issue de laquelle une trêve est décidée. Cependant, Henri meurt l’année suivante et c’est accompagné de son successeur, Richard Cœur de Lion, que le Capétien part guerroyer en Terre sainte. Lorsqu’à l’issue de la croisade, Richard est retenu prisonnier à Dürnstein, l’occasion apparaît trop belle pour le souverain français, qui s’empare de la forteresse en 1193; il y fait effectuer plusieurs remaniements, dont la construction de la ‘’tour du Prisonnier’’, inspirée du château du Louvre, de la barbacane, orientée vers la ville, ou encore du logis royal, détruit au début du XXe siècle. Libéré en 1194, Richard prend les armes pour récupérer son fief. Cependant, les deux parties choisissent l’apaisement et signent en 1195 les traités de paix du Vaudreuil et d’Issoudun, complétés l’année suivante par le traité de Gaillon, qui place le Vexin, et donc Gisors, sous l’autorité de la couronne de France. Pour compenser la perte de plusieurs de ses places fortes et tenter de protéger ses terres, Richard entreprend alors la construction du Château-Gaillard (c’était l’année dernière), bâti en seulement deux ans.
Selon certaines légendes, le château de Gisors serait le lieu de cachette du trésor des Templiers. Dans les années 1950, le gardien du château, Roger Lhomoy, entreprit de creuser un puits et d’explorer les souterrains et cavités ainsi mis au jour, ce qui finit par déstabiliser la motte et provoquer des fissures dans le donjon. L’homme assura avoir découvert des salles souterraines, ainsi qu’une chapelle contenant 30 coffres médiévaux, 19 sarcophages en pierre et plusieurs statues. Le maire et plusieurs habitants se rendirent sur les lieux mais le souterrain était tellement profond et dangereux, que personne ne voulut descendre. Le gardien reçut l’ordre de reboucher les cavités, et la cour fut ensuite bétonnée.
Une inquiétude surgit au milieu de la visite, lorsqu’une vilaine guêpe décida de piquer Léo le petit fils de Marie d’où une escapade à la pharmacie puis aux urgences de l’hôpital de Gisors. Beaucoup d’inquiétudes pour Marie mais finalement sans conséquence Dieu merci.
Après cette très agréable visite nous repartons sur la route pour gagner notre logement du soir à l’hôtel Ibis de Senlis. Très bon hôtel avec chambres confortables mais c’était sans compter la grande surprise du dîner qui nous attendait !!!!!!!!!
Après une entrée allez disons ‘’correcte’’, le plat principal a fait bondir Daniel organisateur de cette sortie : Une ENORME pomme de terre à la peau restée entière était entourée d’un morceau de saumon desséché avec un carré de beurre encore dans son papier d’emballage et une maigre tranche de citron. Après réclamation auprès de la responsable (qui n’était en fait là que pour recevoir les plaintes des clients mais sans aucun pouvoir), nous nous sommes retrouvés au cœur du Moyen-Age avec des serviteurs qui ne faisaient que servir ce qu’on leur avait donné. Cela mit une certaine fébrilité dans la soirée !!! Le repas venait du Courtepaille voisin. Après quelques échanges tendus, voire parfois assez vifs, la responsable a proposé de remplacer le plat initial par des plats de substitution destinés aux enfants. C’était un peu mieux mais on était quand même très loin de ce qu’un client peut attendre d’un hôtel Ibis. Le dessert a été sur la même lignée…. Nous avons appris plus tard que le 29 juillet, Courtepaille avait été placé en redressement judiciaire par le tribunal de commerce d’Évry-Courcouronnes (Essonne). Les repreneurs potentiels avaient jusqu’au lundi 24 août pour déposer une offre. Cela pourrait expliquer ce désastre, mais le groupe Accor n’a pas fait ici preuve d’anticipation. Jean-Luc a eu une bonne formule de conclusion: ‘’Au moins on aura la patate’’. Nous sommes alors partis nous coucher sans crainte d’une « forte indigestion ».
Le lendemain dimanche, après un petit-déjeuner que nous qualifierons cette fois ci de correct, nous avons pris la route du domaine de Chantilly à quelques kilomètres de Senlis.
Domaine de Chantilly
Chantilly fut d’abord une ancienne forteresse médiévale cantonnée de sept tours et entourée de douves en eau, construite sur un terrain marécageux de la vallée de la Nonette, qui contrôlait la route de Paris à Senlis. Puis vendu en 1386 à Pierre d’Orgemont, ancien chancelier de Charles V, celui-ci commence la reconstruction du château qui sera achevée en 1394, après sa mort. Il y avait alors deux châteaux le grand et le petit. Le château Renaissance, dont Anne de Montmorency (Anne est à cette époque masculin et féminin) est le propriétaire. C’est le connétable de François Ier. Au XVIIIème siècle, le grand château est détruit.
Le Domaine de Chantilly est l’un des joyaux du patrimoine français. Il est aussi l’œuvre d’un homme au destin exceptionnel : Henri d’Orléans, duc d’Aumale (1822-1897), cinquième fils de la reine Marie-Amélie et du roi Louis-Philippe, dernier roi des Français. Grâce aux précautions testamentaires prises par le duc d’Aumale, Chantilly reste, plus d’un siècle plus tard, un écrin de richesses préservées où le charme du XIXe siècle continue d’opérer.
En 1830, le duc d’Aumale, alors âgé de huit ans, hérite du Domaine de Chantilly et de l’immense fortune de son parrain Louis-Henri-Joseph de Bourbon, dernier prince de Condé. Il devient ainsi l’un des plus importants propriétaires fonciers de France et n’aura de cesse tout au long de sa vie de rendre hommage à ses ancêtres et prédécesseurs. Etudiant au collège Henri IV, le prince s’oriente vers une carrière militaire. Le duc d’Aumale fait ses premières armes dès 1840 en Algérie et devient gouverneur général de l’Algérie en 1847.
Sa fonction ne lui fait pas oublier Chantilly pour autant. Sous la Monarchie de Juillet (1830-1848), peu après son mariage avec Marie-Caroline de Bourbon-Sicile, sa cousine, il fait décorer ses appartements privés de Chantilly, élever une galerie de bois pour les desservir et projette de reconstruire le « grand château » mais il doit quitter la France après la Révolution de 1848 qui abolit la monarchie et établit la seconde république.
Exilé de 1848 à 1871 à Twickenham, près de Londres, il fait sienne la devise : « J’attendrai ». Considéré comme le plus grand collectionneur de son temps, le duc d’Aumale entouré de conseillers compétents constitue une fabuleuse collection de livres précieux, de tableaux et d’objets d’art dont il projette d’enrichir le domaine familial de Chantilly dès son retour en France.
A son retour en 1871, veuf et ayant perdu ses deux fils de 18 et 21 ans (ses autres enfants sont tous morts très jeunes), il fait reconstruire le « grand château » (qui avait été détruit en 1799 pendant la Révolution) par l’architecte Honoré Daumet de 1875 à 1885, afin d’y exposer ses précieuses collections.
Puis il entame une carrière politique en devenant député de l’Oise en 1871 et entre à l’Institut de France comme membre de l’Académie Française, de l’Académie des Beaux-Arts et de l’Académie des Sciences Morales et Politiques. Passionné d’arts, il en fait un musée. Sans descendants directs, il lègue le domaine de Chantilly et ses précieuses collections en 1886 à l’Institut de France, sous réserve qu’à sa mort, le musée Condé soit ouvert au public, que sa présentation soit préservée et que les collections ne puissent être prêtées.
Le 7 mai 1897 le duc d’Aumale meurt dans sa propriété du Zucco en Sicile. Conformément à sa volonté le domaine a ouvert ses portes au public le 17 avril 1898 sous le nom de « musée Condé ».
La présentation des collections, suite à son testament, est restée inchangée, le château apparaît ainsi tel qu’il était au XIXe siècle, l’occasion d’entamer un voyage dans le temps en plein cœur d’une demeure princière.
Ce musée Condé est une mine de tableaux, environ 3000 tableaux y sont exposés. Spécialement trois Raphaël dont ‘’Les trois Grâces’’ qui a suscité beaucoup de questions. De nombreuses salles sont parcourues comme la galerie des cerfs, la bibliothèque contenant 1900 volumes, certains très richement enluminés…..
Un certain nombre de meubles « cachés » au château de Versailles sont présentés dans les différentes pièces du musée, ce qui n’aurait sans doute pas déplu au Duc d’Aumale. Les collections de ce musée sont très impressionnantes et difficiles à résumer. C’est comme ci on voulait décrire le musée du Louvre en 3 pages.
Suite à cette visite, nous prenons la direction de ‘’la Capitainerie’’ où un excellent déjeuner nous fut servi avec un service de luxe. Il fallait bien changer de la soirée précédente. Après ce déjeuner, nous partons, toujours à pied, vers les grandes écuries. Ce sont les plus grandes écuries d’Europe. Chef-d’œuvre architectural du XVIIIe siècle, les Grandes Écuries ont été construites par l’architecte Jean Aubert pour Louis-Henri de Bourbon, 7ème prince de Condé. Elles font figure de véritable palais pour chevaux.
Les Grandes Écuries proposent toute l’année des spectacles équestres consacrés à l’art du dressage de haute-école qui contribuent à la renommée internationale de Chantilly, depuis plus de 30 ans. Une démonstration de ce spectacle de dressage de chevaux nous est alors présentée.
L’essentiel de l’effectif des chevaux des Grandes Écuries est composé des deux races ibériques, le ’’Pur Race Espagnol’’ et le ‘’pur-sang Lusitanien’’. Ce sont des chevaux dits ‘’baroques’’ dont l’aspect est proche de ceux qu’utilisaient les académies royales à partir du XVIIIe siècle. Ces chevaux sont dotés d’un caractère à toutes épreuves ainsi que d’une souplesse et d’une maniabilité leur permettant d’évoluer avec aisance dans des espaces exigus telle que la piste de 13 mètres du dôme des Grandes Écuries.
Les ‘’chevaux de traits’’ font partie des pensionnaires, race percheronne principalement, mais on rencontre également des pensionnaires de race boulonnaise ou cob normand. Moins connu en France, le Schwarzwälder Federkiel est un cheval spectaculaire avec sa robe alezan brûlé et ses crins « lavés » pratiquement blancs. C’est un petit cheval de trait râblé qui, en Allemagne, servait au débardage des troncs en Forêt Noire.
Avec plus de 150 représentations par an et 7 cavalières, les Grandes Écuries sont un lieu de vie à part entière où se mêlent la passion du cheval et des arts équestres.
Le bâtiment abrite également le Musée du Cheval qui présente la relation entre l’homme et le cheval depuis le début des civilisations que nous avons ensuite visité.
A la fin de cette magnifique visite des Grandes Ecuries, nous avons repris la route en commun par un autre itinéraire qu’à l’aller et nous sommes séparés peu après Gournay, pour retourner chacun vers son logis. Un grand merci à Joëlle et Daniel pour la parfaite organisation de ces deux journées et que Daniel soit rassuré, ce week-end nous aura permis à tous de ‘’garder la PATATE’’
Virginie et Philippe Des Croix