Jeudi 18 Mai :
Voilà déjà bien trop longtemps que le réveil n’avait pas sonné pour une cause aussi agréable : La sortie annuelle du club AVBF pour le long week-end de l’Ascension.
Bref… Nous avons rendez-vous au café habituel « Le Havrais » à Pont-l’Evêque, direction la Bretagne.
Les 22 participants sont tous à l’heure, et papotent gentiment autour de la brioche et d’un petit café.
Puis vient le moment où les chauffeurs disposent sur leur calandre les jolies plaques de rallye offertes par Hervé Irvoas et son cabinet Romanex, un grand merci à lui. Un roadbook très détaillé est remis à chaque équipage, et à 10h15 nous pouvons prendre le départ de cette sortie découverte.
Nous allons traverser le Calvados, l’Orne et la Manche en passant par Crèvecœur-en-Auge, Falaise, Pont-d’Ouilly, Condé-sur-Noireau, Tinchebray pour arriver à Sourdeval, terme de notre première étape. La Suisse Normande nous enchante, la campagne est magnifique au printemps avec ses dégradés de vert et ses paysages vallonnés.
Vers 12h30, nous parvenons sans encombre à « La Belle Epoque ». Que dire de l’endroit ? Restaurant familial et immense brocante dans un hangar tout aussi gigantesque (à l’origine c’était un hâloir pour affiner les camemberts). Nous allons retourner dans les années 50/60 et des tonnes de souvenirs oubliés vont remonter à la surface.
Dans la salle du restaurant, un flipper fait le bonheur de certains alors que d’autres se retrouvent à bord d’auto-tamponneuses propices aux photos. Un couple se remémore une rencontre heureuse, une certaine A et un certain D, dont les yeux brillent rien qu’à évoquer ce moment de leur vie.
Le repas nous est servi par les membres de la sympathique famille et bande de copains du patron. C’est ensuite ce dernier qui va nous guider dans ce grand tour du propriétaire avec beaucoup d’humour et de nombreuses anecdotes.
En effet, ce bâtiment est un joyeux capharnaüm où l’on ne sait pas où poser les yeux, ni les pieds ! Un dédale de rues bordées de boutiques d’époque avec leurs lots d’objets vintage nous stupéfie : une boucherie, un cabinet médical, un horloger, un bar, un coiffeur, une épicerie, une lingerie…etc… Une réplique des Ateliers Guy Degrennes, qui à l’origine se situaient à Sourdeval avant d’émigrer à Vire pour plus d’espace. Ici tout est à vendre, c’est juste une question de prix !
Après plus de 2 heures de déambulation dans cette méga « foire à tout », nous retrouvons nos véhicules afin de parcourir la centaine de kilomètres restants. Notre point de chute se situe prés de St-Didier (35) entre Rennes et Vitré, au lieu-dit « La Peiniére ».
Tout allait bien jusqu’au ravitaillement en carburant à Ste Mélaine (5 kilomètres de notre hôtel) en prévision du circuit du lendemain. Un grand bruit d’explosion nous fait tous sursauter ! A commencer par les occupants de la MGB verte. Un bruit qui rappelle quelques années en arrière Ste-Mère-Eglise.
Même cause, la batterie de la MG vient d’exploser au grand désarroi des propriétaires dont le moral est dans les chaussettes…Une seule solution alors, appeler l’assistance. La belle petite anglaise va alors repartir sur un plateau et être remisée dans un garage avant son retour en Normandie quelques jours plus tard. Après ces péripéties, nous découvrons le très beau Logis de France « Le Privilège » où nous serons logés et choyés pendant tout notre séjour. Belle décoration des salles, chambres modernes et gastronomie au top. Après un repas raffiné et original, nous regagnons nos chambres vers 23h.
Vendredi 19 Mai :
9h, après un petit déjeuner copieux, nous roulons pour rejoindre les abords de la cité corsaire St Malo, un déjeuner croisière sur la Rance est prévu ce midi : nous sommes ravis à cette idée, d’autant plus que la journée s’annonce ensoleillée.
Nous parcourons la petite centaine de kilomètres en passant par Combourg et Châteauneuf d’Ille-et-Vilaine. Les Duménil, sans véhicule, voyagent dans la Traction rutilante de Michel et Odile. A ce moment de la journée, la banquette arrière est encore intacte… A suivre…
Vers 11h, nous traversons le barrage de la Rance pour aller se garer sur le parking de la gare maritime et embarquer un peu plus tard à bord du « Chateaubriand ».
Le « Chateaubriand » est un catamaran de 25m de long et 9m de large, confortable et assez spacieux. Il est parfait pour une navigation sur un fleuve. Nous allons admirer de magnifiques paysages au fil de l’eau, tout en dégustant un repas généreux et soigné composé de produits locaux. La navigation sera riche en informations tout au long des 17 km. Bien après les 2 ponts qui enjambent la Rance, le tirant d’eau du navire et le coefficient de marée ne lui permettent pas d’aller beaucoup plus loin. Nous profitons au maximum des beautés du site : de jolies malouinières qui dominent la vallée et des tas de petits hameaux, autant de refuges pour les bateaux. En milieu d’après-midi, nous revenons à notre point de départ, le barrage inauguré en 1966. Il assure l’électricité de villes comme Caen ou Rennes grâce à un marnage exceptionnel. Il mesure 750m de long et ses écluses s’ouvrent à horaires fixes pour laisser passer 20000 bateaux par an. Bien avant la mode de
l’écologie, ce fut la 1ére usine marémotrice. Il en existe maintenant une dizaine dans le monde. Nous regagnons la terre ferme enchantés par cette agréable croisière et reprenons nos véhicules pour nous rendre tout prés de là. Nos organisateurs ont programmé la visite d’une malouinière « La Chipaudiére » pour une visite guidée des lieux par la propriétaire à 16h.
Un peu d’histoire pour nous rafraichir la mémoire ! Une malouinière est la maison de campagne des négociants et armateurs de St Malo qui habitaient intra-muros. Ces belles demeures, dont certaines ont été aperçues depuis le bateau, ont été construites entre 1680 et 1730 à une dizaine de kilomètres de St Malo.
Mme Magon de la Giclais, notre guide mère de 4 enfants, représente l’avant dernière génération de la famille. « La Chipaudiére » appelé aussi Château de La Chipaudiére est l’une des plus vastes. Elle fut construite par François Auguste Magon de la Lande en 1710, aidé par un architecte militaire Garangeau (le Vauban de St Malo). Il a donné à cette demeure, toujours habitée par la même famille, une grande élégance avec sa rotonde centrale côté sud, ses hautes cheminées, ses pots à feu sur le toit et ses grandes ouvertures.
Notre sympathique guide nous fait découvrir les charmes d’antan de sa superbe demeure classée monument historique depuis 1980. Nous poursuivons notre visite par la chapelle sacralisée suivie d’une petite balade dans les jardins à la française dont la perspective se termine par un petit canal. Quelques ruches disséminées ici et là leur permettre de récolter leur miel. Nous allons en acheter quelques pots et participer ainsi de façon tout à fait dérisoire à l’entretien colossal et à la restauration urgente de cet édifice. Mme Magon nous explique avec le sourire que la famille est en recherche de mécènes argentés ! A bon entendeur salut !
Profitant du soleil, nous immortalisons le moment sur la terrasse en posant pour les «paparazzis». Le retour à l’hôtel semble long, surtout pour les chauffeurs, après cette agréable journée. La fatigue se fait sentir ainsi qu’une douce odeur de miel à l’arrière de la Traction de Michel. C’est collant aussi…. Dominique se serait-il lâché ? Le couvercle du pot de miel s’est malencontreusement ouvert sous le postérieur de l’infortuné passager. Reste à nettoyer la banquette arrière, le pot s’étant vidé entièrement ! Dominique et Annie sont confus… Ce sera un sujet de plaisanterie général jusqu’à la fin du séjour.
Un diner toujours aussi savoureux nous fait passer une agréable soirée dans une ambiance chaleureuse, et dodo pour tous avant minuit.
Samedi 20 Mai :
La nuit nous a semblé un peu courte ! Réveil matinal car le départ est prévu aujourd’hui à 8h, le programme du jour étant bien chargé. Cependant nous sommes tous prêts et roulons allégrement pour une journée qui s’annonce, une fois de plus, placée sous le signe du soleil.
Notre première visite se situe à L’Hommelet près de Martigne-Ferchaud (35) dans l’Atelier AERT Fil.
Un endroit perdu dans la nature qui ressemble à une ancienne ferme. Celle que nous appellerons Aude (son nom de famille néerlandais est imprononçable) la propriétaire – artisane nous accueille avec gentillesse dans son atelier hors d’âge. De vieilles machines en côtoient de plus récentes, certaines sont même de fabrication maison.
On y cintre, on y tricote du grillage avec du fil de fer galvanisé qui garantira la durée du produit. C’est avec dextérité qu’elle soude, assemble et finit ses paniers de toutes tailles. Elle exporte son artisanat d’art dans le monde entier et déplore l’importation chinoise d’objets de mauvaise qualité. Il faut environ 30 mn pour fabriquer chaque pièce. Pour être rentable, il faut en produire au minimum 17 par jour par artisan, soit environ 4000 par an.
Beaucoup parmi nous repartiront avec ces paniers grillagés souvenirs de notre enfance campagnarde.
A une dizaine de kilomètres de cet établissement, nous allons faire un bond encore un plus lointain dans le passé : « La Roche aux Fées ». Un site mégalithique a été érigé prés de Retiers entre 5000 et 2200 ans avant JC. En remontant un sentier ombragé et bien venté, nous nous retrouvons devant un imposant dolmen. Le monument mesure 19,50m de long, 6m de large et 4m de haut. Il est fait de pierres de schiste rouge provenant d’une carrière située à 4km de là. Notre guide nous fait un long exposé sur la légende de ce dolmen : Pour prouver leur existence aux hommes, des fées auraient construit ce monument en une seule nuit ! Plus sérieusement, notre guide nous parle aussi de sa réelle utilisation comme monument funéraire, en réalité des tombes collectives.
Une question reste encore sans réponse : Le jour du solstice d’hiver (21 ou 22 décembre), les premiers rayons du soleil se lèvent dans l’axe du mégalithe….magie du lieu ???
Nous sommes contents de retrouver nos véhicules réchauffés par le soleil car aux endroits ombragés le petit vent frisquet nous a transi. Maintenant direction Vitré pour rejoindre le Restaurant « Le Patio » à Etrelles. « Un œuf cocotte au bacon, sauce crème échalotte » va nous sembler délicieux et ravir nos papilles, entrée d’un bon repas une fois de plus.
En début d’après-midi, nous repartons en direction d’Argentré Du Plessis pour nous retrouver face à une imposante bâtisse médiévale : Le château des Rochers Sévigné. Il fut en effet la demeure de Mme De Sévigné, la célèbre épistolière entre 1644 et 1690. Mme De Sévigné, née Marie de Rabutin Chantal, y appréciait davantage ses jardins à la froideur de la bâtisse de son époux volage, qui eut la bonne idée de disparaitre prématurément ! Elle façonna les jardins, créa des allées et fit planter nombre d’arbres d’essences locales. Elle aimait y flâner et de là naissaient ses pensées quotidiennes vers sa fille Françoise De Grignan, dont l’éloignement lui était douloureux. D’où une correspondance soutenue (3 à 4 lettres par semaine pendant 25 ans) dont malheureusement beaucoup ont disparu à sa mort sous la censure de sa petite fille Pauline qui trouvait leur contenu inintéressant ou ne cautionnait pas le côté libertin de certains écrits. Dommage pour la littérature française et les historiens avides d’informations.
Malgré tout, on récence à ce jour la publication de 1120 lettres toutes publiées après la mort de la marquise.
Nous quittons ce lieu historique pour rejoindre Domagne pour y découvrir l’œuvre d’un seul homme Henri Chesnais, sorte de Facteur Cheval du coin. Pour occuper sa retraite de 1992 à 2016, il a construit pierre après pierre, sans plan ni côte, des reproductions de monuments en miniature. On se promène le long d’un petit parcours balisé entre Chambord, le Mont-St-Michel, la basilique de Lourdes, la Tour Solidor…etc… A lui seul, le Mont-St-Michel a demandé 300 tonnes de cailloux !!!
Retour ensuite à notre hôtel tout proche. Dernière soirée, et comme à chaque fois c’est une soirée à thème : Ce soir bienvenue au Far West. Armés jusqu’aux dents pour certains, les cow-boys envahissent le saloon pour passer une excellente soirée, accompagnée comme les soirs précédents d’un diner gourmand et raffiné.
Nous en profitons pour remercier Dominique et Marie Ragot pour cette belle Ascension. Une organisation au millimètre avec un programme riche, instructif et varié fruit d’un très long travail préparatoire. Quelques cadeaux glanés au cours de nos visites, signes de notre reconnaissance et de notre affection, leurs sont offerts.
Dimanche 21 Mai :
Dernier petit déjeuner dans notre bel établissement « Le Privilège » et il est déjà l’heure de repartir « cheu nous » ! Pour Annie et Dominique, l’affaire est différente puisqu’un taxi XXL mandaté par leur assistance va les ramener directement à Canouville. 9h30 leur départ est l’objet d’une franche rigolade !
Nous n’allons pas suivre le trajet aller, mais remonter par Ernée, Domfront, La Ferrière-Aux-Etangs. Nous retrouvons nos boccages le long de ces belles routes normandes. A moins de 6 km de notre restaurant à Briouze, une immense foire à tout dans le petit village de Bellou-en-Houlme va nous compliquer la vie. Comment peut on mettre autant de monde et de voitures dans un si petit village ? Notre convoi est dispersé, c’est la pagaille la plus totale, les panneaux de déviation sont cachés par certains véhicules garés un peu n’importe comment. Après de longues minutes, et bien souvent
aidés par Waze ou Google Map, finalement tout le monde finira par arriver au restaurant « Chez Sophie » à Briouze pour un déjeuner simple mais bon. Cette halte nous permet de reprendre des forces afin d’affronter les 100 km restants avant notre dislocation. Le parcours initialement prévu sera légèrement modifié en contournant Lisieux. Pas de Pont-l’Evêque où a lieu la Fête du Fromage, mais une route moins chargée et plus agréable en passant par Cormeilles et Pont-Audemer. Dans la Venise Normande nous prenons un dernier rafraichissement avant de nous séparer et rejoindre nos foyers respectifs.
Encore un grand merci aux organisateurs pour ce long week-end qui fut une réussite sur tous les plans dans une ambiance comme on les aime.
Vivement l’année prochaine !!!
Lily et François COUFFON