SORTIE ESTIVALE DIMANCHE 11 JUIN

Cette sortie, organisée par nos amis Couffon et Lefée, nous a permis de nous retrouver à St Wandrille-Rançon pour un petit café et quelques viennoiseries. L’accueil très chaleureux de nos hôtes, nous a rassemblé quelques minutes pour échanger avant de partir découvrir nos belles campagnes sous un soleil un peu timide mais avec quand même de la chaleur.
30 personnes dans 17 voitures participent à cette balade malgré l’empêchement de plusieurs inscrits.

Après avoir traversé de beaux villages, où l’accueil était toujours au rendez-vous : La Folletière, Mont-de-l’If, Ecalles-Alix, Motteville, Grémonville, Prétot-Vicquemare (village natal de Bourvil), St Laurent-en-Caux, Imbleville où nous avons pu admirer le beau château fondé en 1491 par Zanon de Dampierre, Val-de-Saane, nous sommes arrivés à Yerville, au restaurant « Le Neptune » où nous sont proposés des plats de tradition dans une ambiance chaleureuse. Notre président prend la parole pour nous évoquer quelques points, dont la prochaine sortie pique-nique de l’Armada le 18 Juin et nous distribuer les laisser passer pour cette manifestation.

Nous repartons vers 14h30 pour Ancretieville-Saint-Victor afin de faire la visite du Château St Victor. Nous empruntons une allée sinueuse, bordée d’arbres avant d’arriver devant les grilles de ce magnifique lieu. Les propriétaires, M. et Mme De Paix De Cœur ainsi que leurs deux enfants, nous attendaient afin de nous guider devant le château. Afin de faciliter la visite, nous formons deux groupes. L’un part avec la propriétaire Claire et le second avec les enfants (Guillaume et Louise) qui font leurs débuts dans la fonction de guide et que leurs parents souhaitent déjà impliquer dans l’esprit de conservation de ce patrimoine.

Claire nous évoque l’historique de ce château qui appartient à sa famille depuis plusieurs générations.

La maman de Claire, Mme De Paix De Cœur Marie, habite d’ailleurs toujours une aile du château. En 1691, Louis Robert un riche mercier drapier rouennais achète des terres entre Dieppe et Rouen. Vers 1730, son fils François Louis Robert, Conseiller de la Grande Chambre de Normandie, lance la construction du domaine. Celle-ci a pu se faire grâce à des pierres provenant d’une carrière à proximité et à la fabrication de briques directement sur place. Il est entouré de murs et de « sauts de loup », type de fossé utilisé autrefois dans les fortifications pour retarder les assaillants. Les pièces intérieures sont décorées de magnifiques boiseries en chêne et en noyer de style régence qui n’ont pas été peintes fort heureusement. Une autre a été faite en stuc puis peinte en vert. Ce château
conserve encore de beaux tableaux (principalement des ancêtres de la famille), des tableaux et médaillons représentant les saisons ainsi que de la vaisselle en provenance du mariage des arrières grands parents de notre guide. Les sols sont carrelés avec du grand dallage à cabochons ou bien alors en parquet. Ce lieu, qui a été occupé par les Allemands pendant la seconde guerre mondiale, n’a pas subi trop de dégâts.
La visite des caves, entièrement voutées, permet de découvrir la vie domestique : fours à pain et à pâtisserie, buanderie avec « bouillots », système de chauffage (calorifère à air pulsé) … On entrait dans ces caves traversantes avec chevaux et tombereaux pour décharger fruits, légumes, bois de chauffage et bien d’autres choses encore. C’est également là que se trouvait la cuisine.
Après cette visite du château, nous nous dirigeons avec les enfants accompagnés par le mari de la propriétaire dans le parc qui était régulier à l’origine puis paysagé à partir de 1830 en « jardins à l’anglaise ». Nous découvrons alors un magnifique colombier édifié en 1735 et restauré en 1995 grâce aux subventions de la DRAC et du Conseil Général. L’élevage de pigeons avait pour but essentiel de se nourrir et de récupérer la fiente (colombine) comme engrais pour les vignes, les jardins potagers et les vergers. Le style de ce colombier, en forme de tour ronde isolée, était le plus souvent édifié dans le Nord. Dans le Sud-Ouest nous retrouvons le plus souvent des pigeonniers sur des piliers (fuies). Il est
couvert par des rangées d’ardoises décalées et coiffé d’un épi de plomb. A l’intérieur, les pigeons trouvent refuge dans des boulins. Une échelle tournante permettait de récupérer les œufs ou les pigeons. La possession d’un colombier était réservée aux seigneurs et le nombre de boulins était proportionnel à la surface des terres possédées.
Toutefois un problème se posait avec l’élevage de ces pigeons, en effet ils mangeaient les récoltes des paysans aux alentours alors qu’il était interdit pour quiconque de tuer ces oiseaux sous peine de lourdes amendes.

Ce colombier est maintenant utilisé comme petit musée : anciens outils agricoles et horticoles. Il laisse entrevoir une charpente à double enrayure.
Nous prolongeons la visite par les écuries datant de 1730 et placées en forme de fer à cheval sur le domaine. Celles de droite étaient réservées aux visiteurs et celles de gauche au propriétaire des lieux, donc plus luxueuses. A l’intérieur, chaque cheval avait son box identifié par son nom. Deux belles hippomobiles y sont exposées. Au centre des écuries, il y avait une chapelle qui a malheureusement brulée. A l’entrée, nous pouvons admirer au-dessus de la porte des armoiries représentant le mariage d’ancêtres des propriétaires, à l’intérieur une statue de la Vierge ramenée de Fontenay dans la Manche et une statue de St Antoine-de-Padou retrouvée sur le bord de la route à l’Ile de Ré !
Sur le côté, un joli kiosque en bois recouvert de zinc a suscité le questionnement sur son utilité. Il en est ressorti qu’il servait à ranger « des boules cauchoises » dont se servaient les enfants du village. A la fin de la visite, la propriétaire nous suggère d’aller voir une statue de la Vierge qui a été édifiée un peu plus loin à la sortie du village. Le prêtre du village, l’Abbé De Mathan, avait promis que si à la fin de la seconde guerre il n’y avait aucun mort dans le village, il ferait élever une statue de la Vierge.
Quand il fut emprisonné, il se retrouva avec un sculpteur sur béton frais (dite aussi sculpture sur béton en phase de prise) dénommé Carlo Sarrabezolles à qui il raconta son vœu. Comme son souhait fut réalisé, il demanda à ce sculpteur de lui faire cette statue dans un bloc de béton de 4m de haut et la nomma « Notre Dame de France ». Elle revêt ainsi un intérêt public de commémoration du conflit. La Vierge y est représentée couronnée et vêtue d’une longue cape où sont sculptées des cathédrales, sur le col sont gravés les premiers vers de l’Ave Maria. Elle tient dans ses bras l’enfant Jésus et une carte de France.

Plein de souvenirs dans la tête, chacun est reparti après avoir posé pour la photo sur le parvis du château, en remerciant encore les propriétaires et leurs enfants pour cette belle visite très enrichissante.
Ce magnifique domaine est maintenant inscrit par arrêté aux Monuments Historiques pour les 2 bâtiments des communs, le parc, l’ensemble des murs d’enceinte, le château, le colombier et les deux écuries.
Merci aux organisateurs pour cette belle journée et à bientôt.

Régine VASSE

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